Le numérique éducatif en Outre-Mer
En outre-mer comme en métropole, l’État assure sa mission d’éducation en prenant en compte les singularités géographiques, historiques et culturelles des différents territoires. L’organisation administrative du service public de l’éducation en outre-mer s’adapte à la répartition des compétences éducatives entre l’Etat et les collectivités concernées.
La Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et La Réunion sont des académies comparables aux académies métropolitaines. Elles ont un statut de droit commun qui facilite leur intégration dans les standards nationaux. À Mayotte, la création d’une académie et d’un rectorat en janvier 2020 a permis de mettre en place une organisation administrative adaptée aux compétences du territoire.
La Polynésie française, Wallis-et-Futuna, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et la Nouvelle-Calédonie ont quant à eux le statut particulier de collectivités d’Outre-Mer. Cela induit une organisation institutionnelle qui reconnaît aux autorités décentralisées d’importantes compétences en matière éducative.
La fracture numérique, déjà très soulignée en France métropolitaine, est encore plus marquée dans les territoires ultra-marins. En 2019, l’Insee a noté que dans ces DOM, trois personnes sur dix n’avaient pas utilisé Internet au cours des trois mois précédant l’enquête. En métropole, ce taux s’établissait à 19 %. Si l’écart est faible pour les jeunes, familiarisés avec la technologie numérique, la différence est très marquée entre les territoires ultra-marins et la métropole chez les plus de 45 ans.
La fréquence d’utilisation d’Internet est elle aussi plus faible dans l’Outre-Mer qu’en métropole. Ainsi, à peine plus de la moitié des Domiens se connectent à Internet presque quotidiennement, contre près des deux tiers des Métropolitains.
De par leur position géographique même, les territoires ultra-marins connaissent des problématiques éducatives qui leur sont propres. Sébastien Birbandt, délégué académique au numérique (DAN) de Martinique, détaille quelques spécificités de l’île aux fleurs.
Les sargasses ont par exemple beaucoup fait parler d’elles dans les JT métropolitains. Concrètement, sur place, ces algues présentes en surnombre à cause de la pollution et du réchauffement climatique paralysent parfois la scolarité des enfants. « Au niveau de l’éducation, l’impact est important puisque nous avons des écoles qui se trouvent à proximité de plages avec une forte concentration de sargasses. Quand les algues ne sont pas ramassées, cela entraîne une diffusion de soufre nocive pour la santé et le matériel, qui s’oxyde et se détériore rapidement. Ce type de situation entraîne la fermeture de classes », explique le DAN.
La situation politique et sociale des territoires d’Outre-Mer est elle aussi spécifique. « Avant la crise sanitaire, la Martinique traversait déjà une crise sociale. De nombreux établissements scolaires étaient fermés depuis plusieurs mois à l’instauration du premier confinement. »
« Rappelons aussi que les cyclones et les intempéries entraînent parfois des coupures d’eau et donc la fermeture d’établissements scolaires. Autant d’éléments qui nous sensibilisent au maintien de la continuité pédagogique dans les territoires d’Outre-Mer. »
En effet, ces blocages ont poussé la délégation académique au numérique éducatif (DANE) martiniquaise à chercher des solutions pour assurer la continuité pédagogique. Ces solutions passent notamment par l’école à distance, facilitée par la classe mobile numérique. La mobilité numérique est toutefois compliquée par le faible réseau présent sur l’île de la Martinique.
« Pour le réseau, il faut prendre en compte la géographie complexe de la Martinique », selon Sébastien Birbandt. « L’ADSL ne va pas partout et le déploiement de la fibre optique est complexe et long à mettre en place. La généralisation est prévue pour 2022, ce n’est donc pas encore fait. On subit aussi la vétusté des réseaux cuivre, d’autant plus qu’ils sont très sollicités. »
Cette situation complique la tâche des membres de l’Éducation nationale qui œuvrent pour assurer la continuité pédagogique en Martinique. « Lors du premier confinement, nous avons fourni des box 4G pour certains élèves, parce que la 4G est peut-être ce qui couvre le mieux l’île. Mais ce n’est pas idéal pour assurer la continuité pédagogique, sans oublier que le prix est plus élevé qu’en métropole. »
La DANE de Martinique a travaillé en partenariat avec idruide. Sa solution de gestion de classe opérationnelle même sans réseau Internet a permis de pérenniser cette hybridation pédagogique.
Les outils nécessaires pour permettre la mobilité des élèves et de leurs appareils sont donc déployés en Martinique. L’île se positionne donc à la pointe en ce qui concerne le numérique éducatif.